romans vraisemblables ?

On dit souvent que, dans les romans, ce qui intéresse les lecteurs, c'est (en partie du moins) que les situations "font vrai", "pourraient se passer comme ça dans la réalité". A partir de là, les lecteurs peuvent s'identifier aux personnages et nourrir de l'intérêt pour ce qui leur arrive.
Evidemment, tous les romans ne fonctionnent pas sur ce modèle. C'est même en réaction à cette idée qu'est bâti le Nouveau Roman.
Alors, question à propos des livres d'AN : est-ce que vous les trouvez "réalistes" (au sens défini ici) ? est-ce que vous vous identifiez à ses personnages ?

Hum, hé bien, pour vous répondre franchement : ça dépend.
Mercure, Attentat, Hygiène, les Combustibles par exemple mettent en scène des personnages aux traits grossis, dans des situations peu réalistes... On ne s'identifie pas vraiment, enfin moi non. Alors quand dans ses biographies, c'est différent. Quand on lit le Sabotage on est une petite fille en Chine.
De toute façon, je ne pense pas qu'il faut que cela "fasse vrai". Je pense qu'il faut que l'ensemble soit cohérent pour l'esprit humain. Comme Tolkien, ou K Dick, on peut écrire en terra incognita et rester cohérent au point de construire un univers crédible.
Nothomb est cohérente. Mais elle est et elle restera une championne de l'autobiographie, de l'autofiction. Lorsqu'elle s'en éloigne trop, soit c'est génial soit c'est raté.
Donc, ça dépend.

Je trouve votre analyse sur le principe de cohérence tout à fait juste, Oscar. Elle précise ma question de départ beaucoup mieux que je ne l'avais fait.
La citation de Philip K. Dick qui est votre signature attaque la question sous un autre angle. Ici, ce serait plutôt "est-ce que, même dans les romans dont l'univers est éloigné de la réalité, on peut y croire" ?
Vous distinguez nettement les autobiographies ou autofictions des oeuvres fictionnelles de Nothomb : est-ce que vous pensez que les autobiographies "font plus vrai" (ou réel) parce que nous lecteurs savons que les choses se sont réellement passées (du moins dans les grandes lignes) comme elle nous les raconte ou est-ce que réellement l'écriture y est différente, plus propice à l'identification ?
Je ne sais pas si je suis très claire. Je me pose peut-être beaucoup de questions pour peu de choses.

Non je pense que ça fait plus vrai parce que ça fait plus vrai. Antéchrista, en le lisant je ne savais pas si ça avait un quelconque rapport avec sa vie, mais je l'ai trouvé hyper réaliste et je l'ai classé dans les autobiographies, instinctivement. Mais je me fous de savoir si elle a vraiment vécu ça, ou pas. Même le dernier, s'il y a des choses inventées, ça m'est égal. Mais je trouve qu'il n'y a pas beaucoup de décors dans les romans de Nothomb, sauf quand justement elle décrit ses voyages, quand elle fait voir le monde à travers ses souvenirs. Avec Péplum c'est flagrant : aucun élément de l'univers de la science-fiction. Pas de matériel. C'est de la SF parce que ça se passe dans l'avenir, mais nous ne verrons rien de l'avenir. Nous en entendrons parler. C'est rigolo, comme manière de faire.

On n'est même pas sûr que ça se passe dans le futur...
Comme dans Cosmétique, on croit qu'ils sont deux jusqu'au moment où... d'ailleurs, elle aurait pu nous laisser sur cette ambiguïté.

Ben oui, dans Cosmétique tout tourne autour de ça justement, qu'on croit que mais que non. C'est dommage si on s'aperçoit pas que non. Je ne pense pas que nous laisser douter eût été très intéressant.
Mais Peplum on en est sûr que c'est le futur. Y'a pas d'ambigüité là-dessus. Ou alors s'il y en a une je ne l'ai pas perçue... De toute façon, ce n'est pas de la science-fiction, c'est un roman. C'est original d'ailleurs, il y a beaucoup de fraîcheur dans ce livre par rapport à tout ce qu'on lit. Elle se met en scène elle-même dans un univers (proche du réel) où l'être humain est vraiment une pourriture avec beaucoup d'intelligence. C'est de la science-fiction purement philosophique : il n'y a aucun élément classique de la SF, il n'y a que les paroles, que le dialogue, on sait que c'est l'avenir parce qu'on nous le dit, mais si c'est plus l'avenir alors ça n'a pas de sens... Le dialogue est juste surréaliste et délirant. Si c'est l'avenir, il y a une dimension politique, comme dans un vrai roman d'anticipation...