nouvelles vs romans

Les romans publiés par AN ont entre eux une grande cohérence : on y retrouve des thèmes communs, des obsessions récurrentes...
Est-ce que vous pensez qu'on peut trouver la même unité entre les nouvelles ? Et entre ces nouvelles et les romans ?
POur le dire autrement : si vous lisez une de ces nouvelles sans savoir qu'elle est signée d'AN, est-ce que vous en identifierez facilement l'auteur ? Qu'est-ce qui vous parait commun entre ces textes et les oeuvres publiées chez Albin Michel ?

Je trouve que ça dépend des nouvelles.
En général, je les trouve plus "légères" que les romans, non seulement en quantité mais en matière.
Imaginons que romans et nouvelles soient des métaux : je trouve que ses romans seraient de l'argent et ses nouvelles de l'aluminium. On y retrouve le même éclat lunaire, mais la densité n'est pas la même.
J'ai l'impression qu'Amélie Nothomb excelle davantage dans le semi-marathon et l'endurance (le roman court) que dans la résistance (la nouvelle).
Mais peut-être n'est-ce qu'une question d'entraînement : elle est surentraînée pour le récit, moins pour la nouvelle.
Peut-être n'a-t-elle pas le temps de s'immerger autant dans ses nouvelles que dans ses récits.
Peut-être les nouvelles se présentent-elles davantage comme des extraits, des bribes de roman que comme un genre littéraire à part entière, avec ses propres règles.
Cela n'empêche que certaines sont marquantes.

claire boitel a écrit:

Peut-être les nouvelles se présentent-elles davantage comme des extraits, des bribes de roman que comme un genre littéraire à part entière, avec ses propres règles.

Est-ce que tu parles de la nouvelle en général ou seulement de la nouvelle selon AN ?
A quelle(s) nouvelle(s) penses-tu quand tu parles de "bribes de romans" ? Est-ce que tu trouves que certaines de ses nouvelles ont déjà été développées en roman ?

Pardon pour cette rafale de questions , c'est juste que ce que tu as écrit m'intrigue.

claire boitel a écrit:

J'ai l'impression qu'Amélie Nothomb excelle davantage dans le semi-marathon et l'endurance (le roman court) que dans la résistance (la nouvelle).

Je ne comprends pas la qualification " résistance " pour la nouvelle. Si l'on suit la métaphore de la course, la résistance, c'est l'endurance, non ? La nouvelle serait plutôt, selon moi, la fulgurance, je crois.

jiyaku a écrit:

claire boitel a écrit:

J'ai l'impression qu'Amélie Nothomb excelle davantage dans le semi-marathon et l'endurance (le roman court) que dans la résistance (la nouvelle).

Je ne comprends pas la qualification " résistance " pour la nouvelle. Si l'on suit la métaphore de la course, la résistance, c'est l'endurance, non ? La nouvelle serait plutôt, selon moi, la fulgurance, je crois.

J'avais appris que la résistance était une course assez rapide et assez courte (par exemple 5 mn à vitesse soutenue), l'endurance c'est plutôt une demi-heure, voire une heure à petite vitesse, quant au sprint, ça correspondrait plutôt selon moi au poème et pas à la nouvelle.

nausicaa a écrit:

claire boitel a écrit:

Peut-être les nouvelles se présentent-elles davantage comme des extraits, des bribes de roman que comme un genre littéraire à part entière, avec ses propres règles.

Est-ce que tu parles de la nouvelle en général ou seulement de la nouvelle selon AN ?
A quelle(s) nouvelle(s) penses-tu quand tu parles de "bribes de romans" ? Est-ce que tu trouves que certaines de ses nouvelles ont déjà été développées en roman ?

Pardon pour cette rafale de questions , c'est juste que ce que tu as écrit m'intrigue.

Je parlais des nouvelles d'AN.
Je n'ai pas l'impression que certaines de ses nouvelles aient été développées en roman, cependant quand je les lis, il me semble que je pourrais me trouver à l'intérieur d'un de ses romans, ses nouvelles ne m'apparaissent pas "plus concentrées", comme c'est le cas parfois dans le genre "nouvelle", où une seule nouvelle à elle seule est un concentré, un petit roman, très travaillée, très riche... Par exemple, une nouvelle de 2 pages chez AN, ça pourrait être 2 pages extraites d'un roman, l'écriture n'y est pas plus dense, c'est la même.
D'une certaine manière, c'est la marque de l'auteur.
Pareillement dans les textes de chansons.
Tout ceci n'est qu'impression personnelle, et je peux tout à fait me tromper dans ce jugement.

claire boitel a écrit:

Je parlais des nouvelles d'AN.
Je n'ai pas l'impression que certaines de ses nouvelles aient été développées en roman, cependant quand je les lis, il me semble que je pourrais me trouver à l'intérieur d'un de ses romans, ses nouvelles ne m'apparaissent pas "plus concentrées", comme c'est le cas parfois dans le genre "nouvelle", où une seule nouvelle à elle seule est un concentré, un petit roman, très travaillée, très riche... Par exemple, une nouvelle de 2 pages chez AN, ça pourrait être 2 pages extraites d'un roman, l'écriture n'y est pas plus dense, c'est la même.
D'une certaine manière, c'est la marque de l'auteur.
Pareillement dans les textes de chansons.
Tout ceci n'est qu'impression personnelle, et je peux tout à fait me tromper dans ce jugement.

Merci pour ces précisions.
Je crois l'avoir déjà écrit dans les pages réservées à certaines nouvelles, mais il me semble souvent, en lisant ces nouvelles, qu'AN s'adresse à ses lecteurs habituels, ceux qui connaissent déjà son univers et pour qui il n'y a pas besoin de repréciser un tas de choses. Dans ce sens là, je suis vraiment d'accord avec toi : ces nouvelles pourraient aussi bien être deux pages extraites d'un roman et ne seraient, donc vraiment compréhensibles que pour ceux qui ont lu tout le reste.
Maintenant question "densité de l'écriture" : tu dis qu'AN ne condense pas son écriture pour faire une nouvelle, qu'elle les écrit comme ses romans. Mais ne serait-ce pas plutôt parce que ses romans sont déjà écrits comme des nouvelles ? Je ne parle même pas de la longueur (Journal d'Hirondelle ne doit pas être beaucoup plus long que Sans nom, pour prendre deux cas extrêmes), mais de toute la structure du texte. On a à chaque fois très peu de personnages, avec une intrigue concentrée, sans intrigue secondaire (ou si peu). En plus (je reprends un sujet dont on a déjà parlé avec sigh à propos des fins de romans) AN essaie souvent de terminer ses textes par une "chute", ce qui caractérise généralement le genre de la nouvelle. Il y a donc déjà dans ses "romans" quelque chose qui les rapproche fortement de la nouvelle - d'où peut-êtr ele peu de différence dans l'écriture de ces "romans" avec celle des "nouvelles".
Finalement, l'appellation "roman" placée sous chaque titre (sauf Les Combustibles) dans l'édition Albin Michel est sans doute une marque d'éditeur pour attirer le client (roman est plus vendeur que nouvelle), mais l'auteur elle-même n'est pas tenue à un cahier des charges strict pour que son texte soit effectivement un roman, avec toutes les caractéristiques du genre. Si du moins il est possible de trouver des caractéristiques claires pour un genre aussi multiforme.

Tu as raison, nausicaa.
Je l'ai pensé mais c'est toi qui l'a écrit : ses romans sont écrits comme des nouvelles.
C'est pour cela que la densité du texte est la même.

claire boitel a écrit:

Par exemple, une nouvelle de 2 pages chez AN, ça pourrait être 2 pages extraites d'un roman, l'écriture n'y est pas plus dense, c'est la même.
D'une certaine manière, c'est la marque de l'auteur.
Pareillement dans les textes de chansons.

Là par contre, je suis moins d'accord. J'ai l'impression que sa manière d'écrire est quand même assez différente pour les textes de chanson. Il y a le fait que ça doit être écrit en vers, bien sûr, mais il y a aussi autre chose, que j'ai du mal à définir. Peut-être que cette différence vient du fait qu'elle écrit ces textes pour une autre et doit donc essayer, d'une certaine façon, de se mettre à la place de l'autre, de se quitter un peu elle-même.
J'essaierai de revenir la-dessus quand ce sera plus clair dans ma tête