Le Temps & Le Figaro Magazine - 22 et 28 août 20009

Et deux de plus! Fleur

Le Temps a écrit:: Un «bad trip» d’hiver

Eléonore Sulser

Amélie Nothomb nous offre un épisode de trip psychédélique jouissif, mais dans l’ensemble, hélas, son «Voyage d’hiver» s’avère plutôt étouffant.

Publicité De Schubert à Aphex Twin, de A comme Astrolabe à Z comme Zoïle, du champagne au crash aérien, Le Voyage d’hiver, dernier roman d’Amélie Nothomb, n’a pas peur, suivant l’imaginaire toujours fertile et parfois loufoque de la romancière, de faire s’entrechoquer les contraires. Le cocktail qui en résulte cette année n’est pas forcément subtil, mais sera probablement lucratif, c’est du moins ce qu’escompte son éditeur. Avec Le Jeu de l’ange de Carlos Ruiz Zafon, publié chez Laffont, Le Voyage d’hiver est un des deux plus gros tirages de la rentrée: 200 000 exemplaires sont arrivés dans les librairies le 20 août.

Après la délicieuse promenade japonaise de Ni d’Eve ni d’Adam (2007), après le bain de champagne bien frappé du Fait du prince (2008), Le Voyage d’hiver semble réveiller de vieux démons de l’écrivain. Elle-même se met en scène – avec courage! – sous les traits peu flatteurs d’une certaine Aliénor Malèze, écrivain «neu neu» de son état, amoureuse folle de macarons mais presque incapable d’exprimer quoi que ce soit en dehors de l’écriture. A cette figure bavante et régressive, la romancière ajoute deux amoureux transis, mais, hélas, presque uniquement de froid. Si l’un, Zoïle, rêve de réchauffer sa dulcinée, Astrolabe, cette dernière refuse avec obstination, arguant de son devoir de gardiennage envers l’incommode Aliénor. Tout cela a le don de mettre Zoïle, le narrateur, dans un état de rage suicidaire dont il espère bien faire profiter autant de gens que possible.

Après la liberté du Fait du prince, ce roman-ci s’avère étouffant; peu consistant aussi. Difficile de croire au projet meurtrier du héros dont les motivations semblent très légères. Restent les traits de plume toujours plaisants d’Amélie Nothomb, et un morceau de bravoure jouissif au son d’Aphex Twin: la prise de champignons hallucinogènes et l’expérience psychédélique qui s’ensuit pour les trois personnages. Ce trip d’hiver d’un «bleu Nattier», c’est ce qu’on gardera du voyage.

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Le Figaro Magazine a écrit:: Hygiène du terroriste

A quoi reconnaît-on l'arrivée prochaine de l'automne ? A l'irruption en librairie du nouveau roman d'Amélie Nothomb. Celui-ci a pour titre Le Voyage d'hiver*. Il est empreint de la même noirceur que l'œuvre ultime de Schubert mais, comme toujours chez la romancière belge, y affleurent un humour pervers et une jovialité provocatrice souvent réjouissants. Le narrateur s'apprête à commettre un attentat aérien pour se venger d'un échec amoureux. Dieu sait qu'il aura pourtant tout tenté pour séduire la belle Astrolabe (sic) : y compris supporter la présence de son amie handicapée (prétexte à quelques réflexions politiquement fort incorrectes) et l'absorption de champignons magiques (des psilocybes guatémaltèques aux effets joliment décrits en une quinzaine de pages hilarantes). Dans ce nouveau conte amoral, Amélie Nothomb se révèle égale à elle-même : volontiers sarcastique, parfois brillante, incapable de donner à son roman une fin digne des cent premières pages. «Le printemps va pouvoir commencer» est la dernière phrase du livre. Message ?

Source

» Interview du figaro magazine du 3 sept 2005
» [Le Figaro Magazine] A. Nothomb, parce-qu'elle le vaut bien
» Le Temps.ch à Genève 01.12.2009
» Photos dans Madame Figaro (27 août)
» Le Figaro & la Tribune de Genève - 15 et 20 août 2009