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 L'amour chez Amélie Nothomb

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orlane
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MessageSujet: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptyJeu 14 Fév 2008 - 17:11

Je ne sais pas pour vous, mais j'ai été choquée par l'approche de l'amour chez AN, et j'ai essayé de comprendre comment elle en était arrivée là :
(citation p. 76, Ni d'Eve ni d'Adam) :
"On tombe amoureux de ceux que l'on ne supporte pas, de ceux qui représentent un danger insoutenable. (...) Dans l'amour, je vois une ruse de mon instinct pour ne pas assassiner autrui : quand j'éprouve le besoin de tuer une personne bien définie, il arrive qu'un mécanisme mystérieux - réflexe immunitaire ? fantasme d'innocence ? peur d'aller en prison ? - me fasse cristalliser autour de cette personne."
Je tente ici une hypothèse (j'espère ne froisser personne) :
peut-être que cette approche de l'amour, vraiment bizarre et inédite, provient de son expérience atroce du viol (j'en parle puisque c'est aussi dans son oeuvre et que je ne fais que rappocher les pièces d'un puzzle) :
celui qui est violé est agressé violemment dans son intimité et reçoit de force un "amour" brutal et déplacé,
je pense que celui qui est violé ressent lui-même des pulsions de violence (il a reçu la violence, il va avoir la pulsion de la rendre),
la pulsion de meurtre et d'amour se confondant alors dans l'esprit traumatisé de la victime : comment en effet aimer normalement après ça ? Celui qui a subi l'amour-viol ne pouvant porter à son tour l'amour que comme une agression, un meurtre.
L'amour devient alors "un danger insoutenable" puisqu'il fait revivre une partie du traumatisme, puisque la victime a peur de recevoir l'amour, elle n'arrive pas à dissocier cet amour de la violence brutale qui a accompagné le viol.
Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi elle écrit les choses dans cet ordre : "quand j'éprouve le besoin de tuer (...), un mécanisme mystérieux (...) me fait cristalliser autour de cette personne.) Et pas : quand je tombe amoureuse, j'ai envie de tuer, ce qui me paraîtrait plus logique.
Le "quand j'éprouve le besoin de tuer une personne bien définie" me semble mystérieux. Ne pourrait-il pas être remplacé par : quand j'éprouve une pulsion de meurtre et d'amour...
"Un danger insoutenable", le danger que je tombe amoureuse de lui, donc que je me découvre (n'oublions pas qu'AN est toujours dans l'optique de la bataille et du rapport de forces, donc se découvrir pour elle est signe de faiblesse et de perte du combat). A ce propos, pourquoi les relations humaines doivent-elles n'être que combats : parce que c'est ainsi que s'exprimerait la violence de celle qui a été violée ? Cependant, AN parle déjà de combats dans son enfance, dans le Sabotage amoureux...
Se battre est quelque chose de positif et de fort, pour AN, c'est une vraie relation. Pour ne pas se battre à mort avec quelqu'un, peut-être effectivement est-elle obligée de tomber amoureuse de ce quelqu'un, de "cristalliser", ce qui est aussi une façon d'immobiliser l'adversaire et de l'empêcher de combattre et donc de nuire. Peut-être même de l'empêcher d'être amoureux à son tour et de pouvoir renvoyer son amour. La personne dont AN serait amoureuse serait alors une cible, passive, "cristallisée", une sorte d'objet, AN étant le sujet. AN aurait ainsi toujours le dessus dans ce combat. Et il serait capital pour elle d'avoir le dessus, pour les raisons déjà évoquées : elle ne voudrait pas être de nouveau victime, objet, comme elle l'a été par la force des choses dans son viol. C'est quelque part la revanche de la victime sur son bourreau. Or, elle se trompe de bourreau parce que le vrai bourreau a disparu dans la nature, ne demeurent que les autres humains, qui sont en fait innocents. Taxer ceux dont elle tombe amoureuse de bourreaux, c'est se tromper de cible. A moins que, comme Mlle Mori, certaines personnes soient de vrais bourreaux dont AN peut tomber amoureuse, dans un contexte paradoxal de nostalgie... Ca devient compliqué. Mlle Mori étant la réincarnation de la méchante, belle et hautaine gouvernante de Métaphysique des tubes, mais tout cela avait lieu avant le viol, normalement. Donc AN était déjà (depuis sa naissance en fait) dans la dialectique bourreau/victime et le viol n'a été que l'apogée épouvantable et ténébreuse de cet état de fait.
L'âme guerrière de l'auteur remontant alors à ses premiers mois de vie, et activée peut-être par le traumatisme de l'accouchement (je ne sais plus quelle étude parle de sa position en siège dans le ventre de sa mère, avec le cordon autour du cou en plus au moment de l'expulsion), qui avait déjà engendré l'état légumineux du bébé pendant deux ans, chose pour le moins incroyable et absolument exceptionnelle. AN serait donc venue au monde coiffée d'un casque de guerrière, comme Athéna (elle serait donc aussi sortie de la cuisse de Jupiter... ce qui sied bien au personnage).
Voilà ce que j'ai trouvé pour tenter d'expliquer ce "besoin de tuer" insolite. D'ailleurs, elle dit "besoin" et pas envie : besoin, comme si elle avait en elle un quota de violence qui devait s'exprimer de temps en temps. Tiens, aujourd'hui, j'ai "besoin" de tuer telle personne, pour que je me sente bien, en forme. (J'exagère un peu, mais ça me paraît tellement surréaliste, ce "besoin de tuer"...)


Dernière édition par le Ven 15 Fév 2008 - 13:50, édité 1 fois
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orlane

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MessageSujet: Re: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptyJeu 14 Fév 2008 - 22:04

http://www.cairn.info/revue-clinique-mediterranenne-2002-1-page-253.htm

Derrière le jargon, deux éléments qui me semblent intéressants : 1) Le temps qui se fige. Dans le cas d'AN, on retrouve ce temps figé dans la nostalgie de l'enfance et l'obsession selon laquelle il ne faut pas grandir (cf Hygiène de l'assassin). 2) Le lien entre le sexe et la mort. Cette sexualité-là étant liée à la mort.
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MessageSujet: Re: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptyVen 15 Fév 2008 - 1:48

Ce n'est pas une approche de l'amour bizarre et encore moins inédite, ou alors penses tu que ce qui ne relève pas de tes fanstames personnels est étrange. Une personne qui a été violé n'a pas forcément des pulsions de violence, et peut se reconstruire. Je ne comprends pas bien ton raisonnement je le respecte. Et puis tu touches ici un sujet délicat.
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MessageSujet: Re: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptyVen 15 Fév 2008 - 13:47

Kasimystik a écrit:
Ce n'est pas une approche de l'amour bizarre et encore moins inédite, ou alors penses tu que ce qui ne relève pas de tes fanstames personnels est étrange. Une personne qui a été violé n'a pas forcément des pulsions de violence, et peut se reconstruire. Je ne comprends pas bien ton raisonnement je le respecte. Et puis tu touches ici un sujet délicat.

Avoir envie de tuer quelqu'un qu'on aime, ce n'est pas bizarre ni inédit ? Mon essai de démonstration était une tentative justement pour tenter de comprendre cela. Mais peut-être que je fais partie de la minorité qui n'a pas envie de tuer ce qu'elle aime... Par ailleurs, il me semble qu'avoir envie de tuer, c'est une pulsion de violence, non ? Je ne dis pas que tous ceux qui ont été violés ont des pulsions de violence, je remarque que, en l'occurrence, il y a eu viol et il y a aussi pulsion de violence. Je ne fais que lire ce qui est écrit noir sur blanc : la citation est claire et si AN l'a écrite comme ça, c'est pour qu'on la lise et pas qu'on saute le paragraphe. Lire les romans d'Amélie Nothomb comme si c'était des romans à l'eau de rose, ça me paraît un peu une insulte à son égard. Détourner le sens de ce qu'elle écrit aussi. Le mot "tuer" est un mot très violent et je pense que peu de personnes auraient osé ou eu l'idée de l'employer, surtout parlant d'amour. Je trouve cela extrêmement insolite. (Ce n'est pas parce que ça ne relève pas de mes fantasmes personnels que je trouve ça étrange ! N'importe qui trouverait ça étrange. Je suis très étonnée que tu trouves cette approche banale.) Quoi qu'il en soit, cette approche de l'amour n'enlève rien au charme de l'écrivain. Si elle a cette force et cette présence, c'est aussi lié à ça. Il y a sûrement plein d'autres grands écrivains qui ont de ces phrases qui choquent de prime abord et qui font leur personnalité.
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MessageSujet: Re: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptyVen 15 Fév 2008 - 16:21

Les mots sont fort, et c'est pour cela qu'on l'aime ! tuer par amour, avoir envie de tuer celui qu'on aime pour qu'il nous soit reservé, ne me semble pas rare. Quant aux pulsions de violence je crois que chaque Homme a ses pulsions de violence. Et ben evidemment je ne lis pas les romans d'Amélie comme des romans à l'eau de rose, je comprends simplement la conception qu'elle peut avoir de l'amour. Après je n'incite personne à penser comme tel.
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MessageSujet: Re: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptyLun 18 Fév 2008 - 18:18

Une relation qui unit l'amour et le meurtre, ce n'est pas une pure "invention" nothombienne. C'est une thématique assez courante. Quand Freud théorise sur "eros et thanatos" c'est bien parce qu'il en trouve de nombreuses traces. Quand AN répète dans la plupart de ses livres que "chacun tue ce qu'il aime", elle n'invente rien, elle reprend une phrase de Wilde. Elle cite d'ailleurs, dans ses livres, plusieurs oeuvres qui unissent l'amour et le meurtre. On trouve par exemple plusieurs références à Orphée et Eurydice (pour plus de détails, cf. l'entrée "Orphée" dans l'abécédaire de Zumkir) or Orphée, c'est celui qui tue définitivement celle qu'il aime lorsque, revenant avec elle des Enfers, il se retourne pour la regarder et la perd ainsi à jamais. AN cite aussi Carmilla de Sheridan le Fanu dans Mercure : là, c'est l'histoire d'une vampire qui est amoureuse d'une jeune fille, mais veut lui sucer le sang jusqu'à la tuer : encore un lien clair entre meurtre et amour. On trouve aussi une référence au film L'empire des sens dans Hygiène de l'assassin, film qui lie explicitement l'orgasme à l'étranglement.
Toutes ces oeuvres sont citées par AN, ce qui prouve à la fois sa fascination pour le lien entre amour et mort, mais aussi qu'elle n'est sûrement pas la seule à avoir cette fascination. Je vous propose ici un article assez court, qui montre que le lien entre eros et thanatos est abondamment exploré dans la littérature française d'aujourd'hui, et que chaque auteur qui le reprend le décline de manière très personnelle : http://www.e-litterature.net/general/generaltrav.php?num=1&repert=aver

A partir de là, on peut dire qu'AN reprend un thème universel, mais qu'elle le décline à sa propre sauce - laquelle semble effectivement marquée par quelque chose de très personnel, puisqu'on en trouve des traces nettes dans les écrits autobiographiques.
Je reprends la citation de Ni d'Eve ni d'Adam qui te sert de point de départ, Claire. Si on la remet en contexte, elle sert à expliquer l'opposition entre koi et ai et le fait qu'AN ne puisse éprouver ai pour Rinri, mais seulement koi. Koi, c'est "avoir du goût" pour quelqu'un, avoir du plaisir à être avec cette personne. C'est une relation saine, calme, d'amitié (même si elle n'exclut pas la relation sexuelle) et de plaisir. Normal donc, que pour faire comprendre la différence entre ai et koi, AN recourt à l'exemple le plus extrême du ai, càd l'amour à mort, la relation vénéneuse. Je crois que, même si elle avoue dans cet extrait avoir éprouvé ce type de sentiments plusieurs fois, il ne faudrait pas non plus conclure qu'AN ne voit l'amour (ai) QUE comme défense contre la haine et l'envie de meurtre. Je vois plutôt dans cet extrait quelque chose de didactique.
Elle conclut en écrivant "Il n'est pas banal que j'écrive une histoire où personne n'a envie de massacrer personne. Ce doit être cela, une histoire de koi" (p. 77) : le koi exclut bien la violence des sentiments et des actions. Et c'est AN elle-même qui éprouve ce koi pour quelqu'un, donc elle peut se soustraire au schéma violent qu'on voit le plus souvent dans ses oeuvres.
MAIS je suis d'accord avec toi, Claire, il est troublant de voir que, dans l'extrait que tu cites, AN a l'air de considérer que l'envie de meurtre est antérieure à la cristallisation amoureuse, ce qui contredit le "chacun tue ce qu'il aime" de ses livres précédents, où les personnages n'en viennent au meurtre que parce qu'ils sont amoureux. Contradiction aussi avec la relation nouée avec Elena ou avec Fubuki, où AN semble d'abord éprouver de l'amour, avant de se rendre compte que celles qu'elle aime sont odieuses (elle n'a pas pour autant envie de les tuer, mais la relation évolue quand même significativement à partir de cette prise de conscience).
Donc, c'est vrai que l'ordre dans lequel les choses sont présentées dans Ni d'Eve est curieux. Même si on peut voir dans le passage de l'envie de meurtre à l'amour une autre figure de l'ambivalence des sentiments, telle qu'elle s'exprime dans Mercure (Françoise qui veut sauver Hazel, puis la garder pour elle, Hazel qui hait le Capitaine et l'aime en même temps...) ou dans Cosmétique (Jérôme est amoureux d'Isabelle, mais a aussi des pulsions violentes qui sont attribuées à Textor).
Maintenant, concernant le pourquoi de cette vision de la relation amoureuse. On trouve effectivement dans l'article dont tu nous as donné le lien, Claire, des troublantes analogies avec les écrits d'AN. Et sans doute que le viol qu'elle évoque dans Biographie de la faim l'a profondément marquée et influencée dans son écriture. Mais je te trouve quand même trop affirmative. D'abord, en lisant Le Sabotage, on se rend compte que la conception de la relation amoureuse comme violence, lutte et humiliation préexiste à l'événement du viol. Ensuite, étant donné que la relation entre eros et thanatos n'est pas propre à AN, tu peux difficilement asserter que tout découle uniquement du viol subi. D'autant que je suis sûre qu'une autre personne qui aurait été violée écrirait différemment d'AN. Enfin, tu ne pourras jamais, sur la seule base des livres d'AN, prouver que tout ce qu'elle écrit découle principalement d'un viol subi : elle ne se résume pas aux confidences livrées dans ses livres.
Je crois que les relations amoureuses violentes qu'elle met en scène ne sont qu'une des facettes de sa vision d'un monde comme interactions violentes entre les êtres (y compris à l'intérieur même d'un être : cf. l'ennemi en soi dans Cosmétique). D'où lui vient une telle vision du monde ? Certainement de son expérience (acquis), mais aussi de ses dispositions d'esprit (innées). Je ne pense pas qu'on puisse tout subsumer sous une seule cause fondatrice, comme tu le fais, Claire. De toute façon, c'est improuvable. C'est la raison pour laquelle les études basées sur la vie de l'auteur ont été largement remises en question par les littéraires, qui ne les prennent plus aujourd'hui qu'avec des pincettes.
Voir le viol sous tous les écrits d'AN, c'est , à mon avis, un élan de sympathie vers la femme qu'elle est, mais ce n'a que de peu d'utilité dans l'étude et la compréhension de ses textes.

Dernière petite chose (après, je me tais, promis Ouf! ) : claire, je ne suis pas du tout d'accord quand tu fais de Fubuki la réincarnation de la méchante gouvernante japonaise. Sauf à faire de tous les personnages de bourreaux une nouvelle déclinaison de cette gouvernante.
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MessageSujet: Re: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptyLun 18 Fév 2008 - 23:17

Nausicaa, ton post est vraiment très intéressant merci ! je n'ai rien à ajouter
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MessageSujet: Re: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptyMar 19 Fév 2008 - 12:16

nausicaa a écrit:

Dernière petite chose (après, je me tais, promis Ouf! ) : claire, je ne suis pas du tout d'accord quand tu fais de Fubuki la réincarnation de la méchante gouvernante japonaise. Sauf à faire de tous les personnages de bourreaux une nouvelle déclinaison de cette gouvernante.

Ton message est vraiment intéressant : merci !
Par rapport à la "méchante" gouvernante : justement, toutes les autres figures belles et hautaines n'en découlent-elles pas ? Elena, Fubuki, etc. Amélie ne cherche-t-elle pas à travers elles à retrouver cette "méchante" gouvernante et à lui plaire (à leur plaire), en vain. N'oublions pas que la beauté de cette gouvernante a fasciné Amélie et que c'était peut-être pour elle l'un de ses premiers chocs esthétiques. Je me demande même si cette gouvernante n'incarne pas à elle seule la figure du Japon, si beau et si hautain, qui refuse Amélie en son sein. Le "racisme" de cette gouvernante (issue de l'aristocratie et donc d'autant plus aigrie) rejoignant celui de certains Japonais (dixit Amélie) par exemple dans l'entreprise de Stupeur et tremblements. Les Japonais, dit encore Amélie, se sentant le "peuple élu", supérieur aux Blancs, et Amélie, en gravissant le mont Fuji, voulant gravir aussi ce que la sépare d'eux, en vain pour l'instant. Il y a dans tout cela la notion que la Beauté est inaccessible, et est un but en soi. La seule façon de se l'approprier étant sans doute d'écrire sur elle, de l'ensevelir sous la lave des mots (cf. Pompéi dans Péplum).
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MessageSujet: Re: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptyMar 19 Fév 2008 - 13:17

Je suis à la fois d'accord et pas d'accord avec ton post, Claire.
Oui, bien sûr, Kashima-san incarne quelque chose du Japon tel que le voit AN, fier, beau, altier et se refusant. Mais tu montes quand même en épingle un personnage qui n'apparaît pas en dehors de Métaphysique. Dire qu'Amélie "cherche à retrouver" cette gouvernante à travers Elena et Fubuki, c'est peut-être un peu abusif. Elle retrouve le même genre de beauté froide, distante, à qui elle voudrait plaire, oui. Mais tu ne trouveras nulle part dans ses livres quelque chose indiquant qu'elle se focalise sur Elena ou Fubuki parce qu'elle cherche des réincarnations de la gouvernante.
C'est vrai qu'on trouve souvent, dans les livres d'AN, une association entre la beauté et la froideur, le refus de céder (Fubuki, Elena, Isabelle, Ethel...), mais tu cherches une nouvelle fois une explication unique dans la biographie de l'auteur et là, c'est un raisonnement qui me parait vraiment bancal.
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MessageSujet: Re: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptyMar 19 Fév 2008 - 15:03

C'est vrai, Nausicaa, que j'ai un défaut : celui de théoriser, d'ériger en théorie des faits isolés, et de me laisser emporter par mes idées, j'essairai de me montrer plus pragmatique et plus proche de la "réalité".
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MessageSujet: Re: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptyMar 19 Fév 2008 - 15:46

Ta manière de procéder a au moins un mérite : c'est celui de relier entre eux différents romans qui présentent des similitudes. Là où je ne te suis plus (mais ce n'est pas pour ça que tes idées ne sont pas valables), c'est seulement quand tu considères que le point de départ de ta réflexion (ici : Kashima-san) doit être la cause de toutes les figures similaires que tu retrouves par la suite.
Il ne faudrait pas non plus oublier que les autobiographies, ce ne sont pas des faits bruts de la vie d'un auteur livrés au lecteur : ce sont des souvenirs de faits passés tels que l'auteur se les représente aujourd'hui, et transformés encore par le travail de l'écriture. Tout ça pour dire que si Kashima-san ressemble effectivement à Fubuki ou à Ethel par certains côtés, c'est peut-être aussi parce que la Kashima-san à laquelle nous avons accès n'est pas la femme de chair et de sang qui a vécu au Japon entre 1967 et 1972, mais cette Kashima telle que la voit en 2000 une AN qui revisite ses souvenirs d'enfance à la lumière de la femme et de l'auteur qu'elle est devenue.
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MessageSujet: Re: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptyMar 19 Fév 2008 - 19:10

Petit ajout à propos du lien entre amour et mort. Dans la religion chrétienne, un lien très fort se noue entre les deux, puisque c'est censément par amour pour les hommes que le Christ accepte de mourir sur la croix.
On sait que la figure christique a un certain pouvoir de fascination pour AN : je crois qu'il faut l'intégrer au faisceau d'exemples du rapport entre amour et mort qui traversent les oeuvres d'AN.
Autre petit exemple : Roméo et Juliette (cité dans Mercure).

Toutes ces oeuvres envisagent le lien entre amour et mort de manière différente, mais il est quand même toujours présent.
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MessageSujet: Re: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptySam 23 Fév 2008 - 14:01

Décidément, ton sujet m'inspire plein de choses, Claire. Et désolée si j'ai l'air de parler toute seule Rougit
Je reprends ton point de départ. Dans Ni d'Eve ni d'Adam, AN affirme que l'amour ne vient que pour se défendre de l'envie de tuer l'autre. C'est aussi, peut-être, une manière de dire que l'amour n'est pas le beau et pur sentiment qu'on imagine : il a souvent des raisons peu avouables.
C'est ce qu'Ethel reproche à Epiphane dans Attentat. Elle lui dit (je cite de mémoire) que si son amour porte de si belles fleurs, c'est parce qu'il a sa racine dans le fumier. C'est à ce moment là qu'elle fait remarquer à Epiphane que son attitude n'est pas logique, puisqu'il veut qu'Ethel soit amoureuse de lui pour sa beauté intérieure, alors que lui-même est tombé amoureux de la plus belle femme qu'il connaît.Donc son amour, qui parait si beau, a en fait des raisons peu glorieuses.
Je crois qu'on pourrait trouver, dans les Combustibles, d'autres exemples de ces relations soi-disant amoureuses, mais qui ont en fait des motifs cachés peu avouables et très égoïstes.
Il faudrait évidemment voir si cette idée peut se vérifier dans les autres romans. Mais si c'est le cas, ce serait peut-être pire que l'association de l'amour à la mort : ce serait dire "il n'y a pas d'amour, mais juste de l'intérêt". Or c'est cet amour-là qui porte des belles fleurs, selon Ethel. Alors qu'Epiphane ne met en avant de son amour que ces belles fleurs, Ethel en voit surtout le fumier : tout serait alors une question de point de vue.
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MessageSujet: Re: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptySam 23 Fév 2008 - 14:50

Une précision sur la phrase de Wilde , "chacun tue ce qu'il aime".
La suite du texte est:
" Les uns le tuent avec un dur regard ,
D'autres avec des mots suaves,
C'est avec un baiser que tue le lâche,
Avec l'épée que tue le brave "
etc.

Ce n'est donc pas à prendre ( uniquement ) au sens propre.
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MessageSujet: Re: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptySam 23 Fév 2008 - 14:57

Merci sigh, je connaissais le baiser et l'épée, mais pas les deux vers qui précèdent.
AN ne cite jamais (sauf erreur de ma part) la suite du texte, seulement "chacun tue ce qu'il aime". Donc, même si Wilde ne prend effectivement pas cette phrase seulement au sens propre, cela semble quand même être le sens que privilégie AN. Reprise dans les livres d'AN, la phrase de Wilde prend d'une certaine façon le sens que lui donne ce nouveau contexte. Il y a donc une grande différence entre Wilde pris pour lui-même et le "Wilde d'AN".
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MessageSujet: Re: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptyDim 24 Aoû 2008 - 0:48

Je ne trouve pas que ce rapport amour-meurtre d'Amélie soit si aberrant... Il y a des gens que l'on déteste, qui nous énervent... Des gens qu'on ressent l'envie d'étrangler sur place tant ils nous énervent... C'est avec ce genre de personnes que l'ont vit les plus intenses histoires d'amour. Parfois haïr une personne au premier abord, ou tout simplement avoir envie de la tuer, c'est aussi une manière de se cacher que l'on est déjà sous le charme.
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MessageSujet: Re: L'amour chez Amélie Nothomb   L'amour chez Amélie Nothomb EmptyVen 9 Jan 2009 - 21:09

"L'amour chez Amélie Nothomb"...
Quant à ce rapprochement au viol, je crois que tu te mets le doigt dans l'œil. lisa-loup me semble plus proche de ce qu'Amélie voulait dire.
Quoi qu'il en soit, je trouve ce sujet un peu prétentieux.
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