[Littérature] poésie

C'est vrai qu'il y a pas mal de beaux poèmes sous la plume de Verlaine.
Mon préféré est celui qui commence par "Il pleure dans mon coeur comme il pleut sur la ville".
Merci de nous avoir remémoré le "colloque sentimental" : c'est toujours un plaisir de le relire !

Tiens c'est une bonne idée ça. je me permets aussi si vous voulez bien d'en mettre un :

Les pas
Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.

Personne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !

Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l'apaiser,
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,

Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon coeur n'était que vos pas.
Paul Valéry

nausicaa a écrit:

C'est vrai qu'il y a pas mal de beaux poèmes sous la plume de Verlaine.
Mon préféré est celui qui commence par "Il pleure dans mon coeur comme il pleut sur la ville".
Merci de nous avoir remémoré le "colloque sentimental" : c'est toujours un plaisir de le relire !

ça c'est de Baudelaire:
Spleen
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

Merci Nausicaa !

Je connais peu Verlaine, mais j'apprécie le peu que je connais. Il y a ce poème dont le nom m'échappe avec "L'automne / Faisait voler la grive à travers l'air atone"... Cette phrase m'a toujours fait beaucoup d'effet. (je ne sais pas vraiment pourquoi, d'ailleurs)
En ce moment, je lis un peu Lamartine. J'aime beaucoup L’isolement.

Zéphyr : le Spleen que tu cites était mon poème préféré quand j'avais quinze ans

Danaé a écrit:

Merci Nausicaa !

Je connais peu Verlaine, mais j'apprécie le peu que je connais. Il y a ce poème dont le nom m'échappe avec "L'automne / Faisait voler la grive à travers l'air atone"... Cette phrase m'a toujours fait beaucoup d'effet. (je ne sais pas vraiment pourquoi, d'ailleurs)
En ce moment, je lis un peu Lamartine. J'aime beaucoup L’isolement.

Zéphyr : le Spleen que tu cites était mon poème préféré quand j'avais quinze ans

J'ai eu aussi ma petite folie Baudelaire au même moment!.

J'ai beaucoup d'affection pour ce poeme de Paul Eluard sans savoir pourquoi d'ailleurs..
La Courbe de tes yeux

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.

J'aime la "pâte poétique" de Luc Bérimont (1915-1983) pas encore assez connu...

Puissance de feu

Ton baiser monte en feu dans l'hiver et la neige
Ton baiser cogne en fleurs. Ton baiser mange et boit
Grande flaque de sang debout, ah ! que ne t'ai-je
Offerte pour ma mort opaque et mes sabbats ?

(...)

Minuit

Le sommeil a mangé la dernière servante
Qui cousait sous la neige, au sommet de la nuit
On n'entend plus ici que la ville qui rêve
Que le dernier passant éclaboussant son pas.

Ton absence hurle en moi, mieux arquée qu'une louve
Le feu m'atteint au coeur avec ses cailloux rouges
Il n'est pas tard ecore - j'entends sonner minuit -
La servante a frotté sa fenêtre de suie.

Tu visses ton profil au bois dur de la table
Le velours bleu du vin se tord entre tes doigts
L'hiver bloque, au-dehors, les cadenas du froid
Et ta joue se rendort contre la joue des pommes.

Visage capturé, je te garde à ma droite
Je reste avec la mort, l'ombre dense et le sang
Ces trois-là sauront bien me conter une histoire
Où tu seras mêlé - frère jumeau des songes !

Zéphyr a écrit:

J'ai beaucoup d'affection pour ce poeme de Paul Eluard sans savoir pourquoi d'ailleurs..
La Courbe de tes yeux

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.

Moi aussi j'aime particulièrement ce poème! Il est magnifique!

Encore quelques textes, et nous aurons une très belle anthologie ;-)

Claire : qui est ce Luc Bérimont dont je n'ai même jamais entendu le nom et qui écrit des textes vraiment pas mal ?

nausicaa a écrit:

Encore quelques textes, et nous aurons une très belle anthologie ;-)

Claire : qui est ce Luc Bérimont dont je n'ai même jamais entendu le nom et qui écrit des textes vraiment pas mal ?

"Luc Bérimont (1915-1983) est né en Charente de famille ardennaise. Après l'armistice de 1940, il se retrouve à Rochefort-sur-Loire où il se lie d'amitié avec Jean Bouhier et René Guy Cadou, "inventeurs" de l'Ecole de Rochefort. Tout en poursuivant une oeuvre de poète et de romancier, il deviendra après-guerre producteur d'émissions littéraires et musicales ("La Fine Fleur").
Dans sa poésie, gonflée de sève et d'images, comme dans ses romans, il est resté fidèle à la source toujours neuve de l'enfance et à sa grande capacité d'émerveillement."

Peut-être en trouveras-tu davantage sur Google.

Merci !
effectivement, je pourrais faire moi-même une petite recherche. Mais disons qu'avec Cadou, je situe déjà un peu mieux.

Je n'aime pas trop Eluard, je ne sais pas bien pourquoi

Je me suis replongée dans Les Fleurs du Mal il y a peu, et j'ai trouvé un poème auquel je n'avais pas prêté attention auparavant et qui, maintenant, me parle beaucoup.

Le guignon

Pour soulever un poids si lourd,
Sisyphe , il faudrait ton courage !
Bien qu'on ait du cœur à l'ouvrage,
L'Art est long et le Temps est court.

Loin des sépultures célèbres,
Vers un cimetière isolé,
Mon cœur, comme un tambour voilé,
Va battant des marches funèbres.

– Maint joyau dort enseveli
Dans les ténèbres et l'oubli,
Bien loin des pioches et des sondes ;

Mainte fleur épanche à regret
Son parfum doux comme un secret
Dans les solitudes profondes.