Le Rhapsodisme, nouveau courant littéraire lancé par Amélie Nothomb

Hier soir, l'entretien entre Béatrice Commengé et Amélie Nothomb s'est conclu sur une brillante trouvaille de cette dernière. A la question : comment qualifier le courant littéraire actuel où tous les genres sont mélangés ? Amélie Nothomb répond : le Rhapsodisme.
Que pensez-vous de cette création verbale et de sa signification ?
Personnellement, j'aime beaucoup.

Pas mal. Très bien même !

Sinon, dans Jacques le Fataliste, Diderot parle de son oeuvre comme d'une rhapsodie.

Oui, c'est vrai que c'est trés intelligent!, j'aime bien.

Euh... rhapsodisme ? ... lol ^^

Je connaissais le terme musical "Rhapsodie" --> c'est une oeuvre de forme variée et libre (certains passages peuvent faire penser à de l'improvisation) sur un thème souvent populaire... (exemple dans des oeuvres de Liszt : il reprend des mélodies populaires de musique Tzigane... )...
Une certaine liberté musicale (presque improvisation) + Le style particulier du compositeur (sûr que Lizst, Ravel et Gershwin c'est pas exactement pareil) + le côté populaire --> là je suis pas sûre, mais c'est quand même un sacré mélange de genres... et ça pourrait rapprocher de ce qu'Amélie a dit... ("courant littéraire actuel où tous les genres sont mélangés"). ça fonctionne aussi pour Jacques le fataliste (théâtre ? cf didascalies, Roman ? le fameux "Je ne fais pas un roman lecteur..." --> mélange des genres également)

Chouette trouvaille en tous cas !!

Heu... Et moi quand j'écris je fais du sonatisme, et des fois du mélodisme et aussi un peu de jazzisme. Enfin, je dis ça, mais ça va jazzer dans mon dos après. Non, sérieusement Mlle Nothomb a dit ça ? Elle ne savait vraiment pas quoi dire alors... Mais bon pourquoi pas. Je ne vois pas le rapport, personnellement, entre une rhapsodie et le fait de mélanger les genres, mais bon, si c'est Elle qui le dit.
Maintenant il faut voir si cela va rester dans le vocabulaire.
Moi j'aurais plutôt dit le jemenfoutisme... Non, je rigole. J'en sais rien, je ne sais pas de quels auteurs elle parlait. D'elle-même ? Des auteurs qui mélangent les genres, d'un livre à l'autre, ou dans le même livre ?
Il y avait aussi patchworkisme, meltingpotisme, potpourrisme, bouquetisme, mélangisme, ratatouillisme et coktailisme (pour les buveurs).
Mais c'est sûr, rhapsodisme ça fait plus sérieux.

oscar.de.jarjayes a écrit:

Il y avait aussi patchworkisme, meltingpotisme, potpourrisme, bouquetisme, mélangisme, ratatouillisme et coktailisme (pour les buveurs).
Mais c'est sûr, rhapsodisme ça fait plus sérieux.

^^

Après quelques vérifications au dictionnaire (Le Robert historique, en particulier), il semble que "rhapsodie" ait été employé, à partir du XVIe siècle, dans un sens péjoratif, aujourd'hui oublié : celui d' "ouvrage en vers ou en prose fait de morceaux divers, mal liés entre eux". Et étymologiquement, le mot "rhapsodie" vient d'un verbe grec qui signifie "coudre" et d'un nom signifiant "chant" ou "poème", donc on a bien dans ce mot l'idée de patchwork.
Je trouve donc ce terme assez bien choisi pour désigner une tendance littéraire à mélanger tous les genres. Sauf que c'est peut-être un terme trop rare ou trop pédant pour véritablement s'imposer et "faire école".
En fait, c'est un mot bien "nothombien" : étymologie savante, terme qui conjoint à la fois la référence antique et la référence musicale.

nausicaa a écrit:

Après quelques vérifications au dictionnaire (Le Robert historique, en particulier), il semble que "rhapsodie" ait été employé, à partir du XVIe siècle, dans un sens péjoratif, aujourd'hui oublié : celui d' "ouvrage en vers ou en prose fait de morceaux divers, mal liés entre eux". Et étymologiquement, le mot "rhapsodie" vient d'un verbe grec qui signifie "coudre" et d'un nom signifiant "chant" ou "poème", donc on a bien dans ce mot l'idée de patchwork.
Je trouve donc ce terme assez bien choisi pour désigner une tendance littéraire à mélanger tous les genres. Sauf que c'est peut-être un terme trop rare ou trop pédant pour véritablement s'imposer et "faire école".
En fait, c'est un mot bien "nothombien" : étymologie savante, terme qui conjoint à la fois la référence antique et la référence musicale.

J'aime beaucoup votre "potpourrisme" Oscar!

Très bonne synthèse Nausicaa.

Nausicaa, la classe!

CelSiuS

Question à ceux qui ont assisté à l'entretien d'AN avec Béatrice Commengé : est-ce que le mot "rhapsodisme" est censé définir les textes d'AN ? Quels genres littéraires sont mélangés dans ses oeuvres ?
Parce que, à part une limite floue entre autobiographie et fiction (ce qui n'est quand même pas très original, ni propre à l'époque actuelle), je ne vois pas très bien de quoi on parle. D'autant plus que le roman est par excellence le genre littéraire sans règles, celui qui englobe tout. Est-ce que "rhapsodisme" définit une tendance actuelle seulement ?

Je vote pour le "patchworkisme", mais j'avoue que le "potpourrisme" et le "ratatouillisme" sont d'excellentes trouvailles!!

nausicaa a écrit:

Question à ceux qui ont assisté à l'entretien d'AN avec Béatrice Commengé : est-ce que le mot "rhapsodisme" est censé définir les textes d'AN ? Quels genres littéraires sont mélangés dans ses oeuvres ?
Parce que, à part une limite floue entre autobiographie et fiction (ce qui n'est quand même pas très original, ni propre à l'époque actuelle), je ne vois pas très bien de quoi on parle. D'autant plus que le roman est par excellence le genre littéraire sans règles, celui qui englobe tout. Est-ce que "rhapsodisme" définit une tendance actuelle seulement ?

Dans sa bouche, ce terme était un peu une boutade finale, puisque le duo avec Béatrice Commengé s'est clos sur ce dernier mot, boutade parce que c'était censé être une réponse apportée à ceux qui se creusaient les méninges et qui l'avaient interrogée sur le courant littéraire auquel elle appartenait, des lycéens par exemple, à la recherche d'un terme technique et sérieux. Le rhapsodisme est à mon sens un terme léger, entraînant et plein d'humour. Et puis musical, ce qui sied bien à Amélie...

claire boitel a écrit:

nausicaa a écrit:

Question à ceux qui ont assisté à l'entretien d'AN avec Béatrice Commengé : est-ce que le mot "rhapsodisme" est censé définir les textes d'AN ? Quels genres littéraires sont mélangés dans ses oeuvres ?
Parce que, à part une limite floue entre autobiographie et fiction (ce qui n'est quand même pas très original, ni propre à l'époque actuelle), je ne vois pas très bien de quoi on parle. D'autant plus que le roman est par excellence le genre littéraire sans règles, celui qui englobe tout. Est-ce que "rhapsodisme" définit une tendance actuelle seulement ?

Dans sa bouche, ce terme était un peu une boutade finale, puisque le duo avec Béatrice Commengé s'est clos sur ce dernier mot, boutade parce que c'était censé être une réponse apportée à ceux qui se creusaient les méninges et qui l'avaient interrogée sur le courant littéraire auquel elle appartenait, des lycéens par exemple, à la recherche d'un terme technique et sérieux. Le rhapsodisme est à mon sens un terme léger, entraînant et plein d'humour. Et puis musical, ce qui sied bien à Amélie...

Merci pour tes explications, claire!

Très beau et très intelligent terme dont Amélie a le secret d'être toujours très juste!!!!!

Voyage d'Hiver en est un exemple criant à mon avis...

Oui, et il y en a bien d'autres. Que dire de "Journal d'Hirondelle" par exemple ?
Rhapsodisme ? Psychédélisme ? Ou alors, Amélie a dit cela parce qu'elle ne savait pas quoi répondre. Les gens aiment bien quand ils savent dans quel catégorie est classée une oeuvre ou autre. Ca les aide à se situer eux par rapport à la société. Oùlà, je m'égare.

Enfin, voià.

Dans une autre interview, elle affirmait être la seule représentante du "romantisme belge".

Et quel serait le romantisme belge, d'après elle ?^^

Madame Musquin a écrit:

Et quel serait le romantisme belge, d'après elle ?^^

Je n'ai pas vu l'interview en question, mais sa remarque faisait peut-être simplement allusion au fait qu'il n'y a pas vraiment de représentants belges du romantisme - du moins en littérature. Les Belges se sont plutôt exprimés dans le symbolisme.

Madame Musquin a écrit:

Et quel serait le romantisme belge, d'après elle ?^^

Et bien vu qu'elle en serait la seule représentante, il se définirait sans doute selon son style. Je vais essayer de retrouver l'interview...

Il me semble que c'est parce que des jeunes lecteurs lui ont demandé à quel genre littéraire elle appartenait, et amusée elle leur a répondu cela, et ils l'ont pris pour argent content en disant à leur entourage qu'ils étaient pour le romantisme belge...il me semble...

Oui c'est ça, mais je ne sais pas si elle était plus sérieuse en parlant de "rhapsodisme".

Voilà, j'ai retrouvé l'interview, c'était au Studio Europe 1, présenté par Michel Drucker et où était également invitée Amanda Lear. C'est à écouter ici, à environ 3min20 de la première partie.

Arthur92 a écrit:

Dans une autre interview, elle affirmait être la seule représentante du "romantisme belge".

Dans l'interview parue dans le dernier numéro de La dixième Muse, Amélie parle du romantisme dans Voyage d'hiver :


"DM. 'Aimez donc, et mourez!' (Louise Ackerman). Le Voyage d'hiver, titre emprunté à Schubert, fait écho au courant romantique, à l'hiver où l'on rêve de printemps, à la mort comme conséquence de l'amour... Comment s'inscrit l'acte terroriste dans l'histoire d'amour entre Zoïle et Astrolabe?

AN. L'acte terroriste est pour Zoïle à la fois la profanation vengeresse d'un amoureux frustré, mais aussi la concrétisation métaphorique de l'acte sexuel dont il s'estime floué. C'est un acte aussi romantique qu'anti-romantique. C'est ce que j'appelle du romantisme paranoïaque."


Pour les références de l'interview, si ça vous intéresse : "Amélie Nothomb", interview réalisée par Cécile Duclos, dans La Dixième Muse n° 41, nov.-déc. 2009, p. 28.